L’aveu public est sans aucun doute difficile pour l’homme qui se présente mardi à la barre du tribunal. « J’ai eu un rapport sexuel avec lui. Personne ne sait que je suis homosexuel, je l’ai caché. J’avais mon jardin secret. »
Déjà 23 condamnations pour le prévenu
Dans le box des prévenus incarcérés, Éric Didier s’insurge. « Comment ? Y’a rien eu avec ce monsieur ! » Le jeune trentenaire, 23 condamnations à son actif, s’inquiète alors pour ce qui est pourtant le moindre de ses soucis. Les faits pour lesquels il comparaît lui vaudront ainsi trois ans de prison ferme, avec retour en cellule à l’issue de l’audience.
Dans la nuit du 7 au 8 juin, la victime, petit homme chauve à lunettes, une cinquantaine d’années, tourne autour de la gare de Saint-Quentin. Il y « harponne » Éric Didier, ainsi que le procureur Tailhardat présente la rencontre. Le multirécidiviste de 31 ans, passablement alcoolisé et drogué à la coke, monte dans la Citroën C5. Harponneur et poisson regagnent le domicile du premier. Les deux hommes commencent à boire, du rhum et du whisky. Un film porno tourne sur la télé. « Quand il est venu vers moi pour me caresser, je l’ai frappé », explique le prévenu.
Il démarre en trombe, manquant de heurter le policier
Dans la confusion, le prévenu s’empare de la clé de la C5. « Je voulais qu’il me raccompagne à la gare, quelqu’un devait venir m’y chercher. » Son propriétaire refuse. S’ensuit des allers-retours au véhicule. Cinquante euros sont échangés. « Pour qu’il me rende les clés », précise la victime. « L’argent de la passe », estime pour sa part Dominique Tailhardat. Le manège et le chahut qui en découle alerte un voisin, qui prévient la police. Avant que celle-ci n’arrive, le duo est en voiture. Alors que le conducteur aperçoit les policiers, il donne un coup de volant et percute un mur.
Sur place, les fonctionnaires trouvent un homme à l’extérieur du véhicule, le visage tuméfié. Un second est au volant. Malgré les sommations d’un des agents à sortir de la C5, le prévenu, qui n’a jamais eu le permis, démarre alors, manquant de heurter le policier. Il est pris en chasse, suivi à la trace grâce à quelques indices laissés ici ou là, débris et tache d’huile. La voiture est finalement découverte dans un fossé, tous airbags dehors. À son bord, Éric Didier tente de passer sur le siège passager quand ses poursuivants l’interpellent. Il les insulte copieusement.
Il refuse le test d’alcoolémie
Au commissariat, l’homme refuse le test d’alcoolémie. En garde à vue, lors de la fouille de sécurité, il plonge sa main dans une sacoche qu’il porte encore en bandoulière. Il en retire un tournevis à la lame taillée en pointe. Face à cette arme, un policier frappe son détenteur au visage. « S’il n’avait pas utilisé la force, il devrait rendre son uniforme, tonne le procureur Tailhardat, sentant venir l’argument des violences policières. La force était nécessaire et légitime. Vous avez agi comme le dernier des voyous », ajoute le magistrat à l’adresse du prévenu.
Si sa victime est sortie sérieusement blessée de leur rencontre, elle a bien plus encore vu sa vie chamboulée. « J’ai dû révéler mon homosexualité à mon voisin pour m’expliquer. J’ai aussi mis mes parents au courant, ça n’a pas été facile pour eux de l’entendre. »
- SOURCE aisnenouvelle.fr
