À Sainte-Bazeille, un agriculteur de 28 ans a porté plainte à la gendarmerie contre sa voisine pour injures et agressions homophobes. Le parquet d’Agen a été saisi.
A l’heure où le débat sur le «mariage pour tous» divise la société, l’homophobie reste bien présente au quotidien, constat que le projet de loi examiné hier par le gouvernement n’infléchira probalemnt pas, ni dans un sens, ni dans l’autre… Une chose sont les décisions symboliques prises par nos élites, une autre est la réalité du terrain. Réalité que vit Frédéric (1), cet agriculteur de 28 ans,domicilié à Sainte-Bazeille, qui vient de porter plainte à la brigade de gendarmerie de sa commune pour injures et agressions homophobes. Des faits qui ne sont pas sans en rappeler d’autres, survenus l’année dernière, dans cette même commune limitrophe de Marmande, où un couple de femmes avait porté devant la justice un semblable cas d’homophobie… lequel s’était conclu par un «simple» rappel à la loi pour l’auteur désigné.
Concernant ce jeune agriculteur, éleveur de poulets dans une exploitation jouxtant le bourg, les faits, tels qu’il les rapporte, sont simples. à plusieurs reprises, il dit avoir été insulté, injurié par sa voisine «en raison de (son) orientation sexuelle» jusqu’à ce jour du 22 septembre où les choses se sont encore envenimées. «Elle a essayé d’entrer chez moi de force, tenté de me bousculer, assure Frédéric, m’a insulté, tenant des propos grossiers, évoquant la sodomie… C’était inacceptable».
Le jeune homme avait bien eu affaire, par ailleurs,sur son exploitation, à des pneus crevés et des animaux empoisonnés. «être paysan homo dans un petit village, ça craint !.. Mais bon, je n’avais pas de preuves. Personne n’est venu me dire : on a tué tes bêtes parce que t’es pédé. Alors que là…»
Là, le jeune homme a appelé les gendarmes, puis déposé plainte. Il a dans le même temps alerté un membre de l’association gay et lesbienne Ecce Homo qui l’a mis en contact avec l’avocate du barreau d’Agen, Me Marie-Dolorès Prud’Homme, connue pour son intérêt et sa sensibilité de traitement pour ces questions sociétales. Pour s’assurer que la plainte ne serait pas enterrée, cette dernière a saisi le parquet d’Agen pour lui demander de donner suite.
Mis au courant de cette affaire par l’intéressé, le maire de la commune , Michel Vigneau, ne veut pas enflammer le débat. «J’ai essayé d’apaiser les tensions, assure-t-il. Et je ne pense pas que ce soit utile de donner de la résonnance à tout cela»… Mais Frédéric, lui, veut que l’on dise que «ça» existe.
La décision de justice, s’il en tombe une un jour, suffira-t-elle, en ce sens, à le satisfaire ?
«Il faut l’espérer, conclut, Me Prud’Homme, même si on sait que le traitement de ces questions-là n’est pas prioritaire pour des gendarmes ou des policiers en surcharge de travail».
«Moi, je veux juste que l’on me respecte, lâche le jeune homme. Que je puisse sortir de chez moi sans que l’on me regarde de travers. Je ne suis pas un animal.»
(1) Le prénom a été modifié
- Source LADEPECHE.FR