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 d’ADHEOS

La programmation du groupe de rap Sexion d’Assaut n’est pas du goût de tous les afficionados de la Fête de l’Humanité. En cause : les propos homophobes tenus par le groupe dans le passé. Flashback.

La Fête de l’Humanité, organisée chaque année en septembre par le journal communiste du même nom, a su s’imposer depuis sa création comme un festival incontournable de la région parisienne. Et si cette année, l’événement déménage de La Courneuve au Plessis-Paté (Essonne), ce n’est pas ce nouveau lieu qui a fait réagir ses fidèles. Parmi les six premières têtes d’affiche dévoilées pour l’édition 2022, aux côté de Camélia Jordana ou Kungs, la présence du groupe de rap Sexion d’Assaut – de retour après plusieurs années d’expériences en solo – en a fait tiquer beaucoup…

Homophobie assumée par Sexion d’Assaut

Une programmation qui a de quoi surprendre dans un festival de gauche qui se décrit comme “un lieu de rassemblement, de discussions et d’échanges autour des valeurs de solidarité, d’ouverture d’esprit, de partage et de paix“. On se souvient en effet des propos homophobes tenus par les interprètes de “Désolé”. Une homophobie violente qui s’est exprimée à plusieurs reprises dans leurs chansons, notamment en 2005 dans “On t’a humilié”. Le groupe y chante : “Je crois qu’il est grand temps que les pédés périssent, coupe leur le pénis, laisse les morts, retrouvés sur le périphérique…”.

Alors qu’ils étaient interrogés à ce sujet en 2010 par la revue spécialisée International Hip-Hop, la réponse d’un des membres du groupe, Lefa, avait provoqué l’indignation : “Pendant un temps, on a beaucoup attaqué les homosexuels parce qu’on est homophobes à cent pour cent et qu’on l’assume” avait-il indiqué, avant d’ajouter : “Pour nous, le fait d’être homosexuel est une déviance qui n’est pas tolérable”. Le tollé provoqué à l’époque avait entraîné la déprogrammation du groupe des antennes de Fun Radio et de NRJ.

Mea culpa de Lefa et Black M

Face au tsunami, le groupe avait publié un communiqué pour “s’excuser auprès de ceux qui ont été blessés ou choqués” et signé un accord avec plusieurs associations LGBTQI+, comprenant notamment SOS Homophobie et L’Autre Cercle. Dans cet accord unique en son genre, le groupe s’engageait à retirer des plateformes les titres incriminés, ainsi qu’au retrait des bacs des deux albums où ils figuraient. Ils devaient être reproposés à la vente “expurgés des titres litigieux”. Les membres du groupe s’étaient également engagés “à continuer leur parcours artistique dans le respect des autres et de leurs différences, en excluant toute expression publique à caractère raciste, sexiste ou homophobe“. Un accord qui avait à l’époque mis fin à la polémique.

Depuis lors, plusieurs membres du groupe se sont exprimés sur le sujet. Lefa, à l’origine de la réponse qui avait mis le feu aux poudres, a expliqué au Monde : “C’est moi, et moi seul, qui ai tenu ces propos, et non le groupe. Je les assume, et je le regrette sincèrement. Je ne connaissais pas le sens du mot homophobe”. Black M, fort d’une carrière solo, a aussi fait son mea culpa, bien plus tard, en 2019 dans les colonnes de Voici : “On a eu des propos qu’on n’aurait jamais dû avoir, notamment sur l’homosexualité. Ça fait dix ans maintenant, on s’en est excusés sincèrement, mais on continue à nous le reprocher”.

Gims soutien de Valérie Pécresse ?

De son côté, le leader du groupe, Gims, avait expliqué en 2013, à la sortie de son premier album solo, avoir très mal vécu cette période. “Certains prenaient des médicaments pour tenir. On se détestait. Et puis on s’est expliqué. Quand les associations LGBT ont accepté nos excuses, on était sauvés”. D’autres dommages collatéraux à compter : la polémique, et les procès qui ont suivi, ont sérieusement éraflé la crédibilité de la journaliste Nathalie Sorlin, qui avait réalisé l’interview.

Plus de dix ans plus tard, peut-on et doit-on passer l’éponge ? Si récemment, des punchlines homophobes de Gims ont refait surface, elles sont antérieures à l’accord passé avec la Fédération LGBT. En 2021, pour les éléctions régionales, le chanteur se disait dans une vidéo “fier de collaborer depuis maintenant quelques années avec Valérie Pécresse” (LR) : un comble, pour la tête d’affiche d’un événement plébiscité par les militants du parti communiste. S’il a clarifié les choses dans le JDD, affirmant soutenir “sa démarche, en tant que présidente de la Région Île-de-France, pour les jeunes talents“, il y a tout de même une cohérence : la candidate et Sexion d’Assaut partagent un passé homophobe à faire oublier.