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 d’ADHEOS

L’association “Shams”, pour la dépénalisation de l’homosexualité en Tunisie a obtenu son visa d’activité lundi, au lendemain de la journée internationale contre l’homophobie et la transphobie.
 
“L’association est désormais légale, après des mois de tergiversations de la part des autorités”, s’est réjoui Sofien Trabelsi, directeur exécutif de l’association.
 
Le 17 mai, dans la salle d’un hôtel de la banlieue de Tunis, le drapeau tunisien flottait à côté de drapeaux arc-en-ciel, lors d’un évènement organisé par Shams.
 
“C’est pour signifier qu’on est Tunisiens, qu’on est les enfants de ce pays et qu’on a le droit d’y vivre librement”, lance Ahmed Ben Amor, vice-président de l’association.
 
Longtemps discrets, essentiellement pour des raisons de sécurité, les militants LGBT en Tunisie sortent au grand jour. Récemment lors du Forum social mondial à Tunis ou à l’occasion d’un défilé de mode, le drapeau arc-en-ciel, symbole de la cause LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuel(le)s et Transgenres), est de sortie, essentiellement pour revendiquer les droits des “minorités” sexuelles et l’abrogation de l’article 230 du Code pénal, criminalisant les relations homosexuelles.
 
“Cette loi bafoue les libertés primaires de la personne, à savoir vivre sa sexualité librement tant que ça ne nuit pas aux libertés des autres et à l’ordre public. Cette loi contredit les libertés individuelles énoncées dans la Constitution. De quelle liberté parle-t-on lorsqu’on emprisonne des êtres humains à cause de leur orientation sexuelle?”, a fustigé Yadh Krandel, président de l’association.
 
Plusieurs personnalités de la société civile ont assisté à l’évènement. L’universitaire Raja Ben Slama, Amira Yahyoui, présidente d’Al Bawsala, la bloggeuse Lina Ben Mhenni, l’actrice Leila Chebbi, l’acteur Jamel Madani, l’homme de théâtre Mahmoud Chalbi, la chanteuse Lobna Noomane et d’autres intellectuels et artistes, sont ainsi venus afficher leur soutien.
 
Tout humain libre, homme, femme, hétérosexuel, homosexuel, doit rejoindre cette bataille, car c’est le combat pour l’humanité, pour la liberté, pour une réelle démocratie”, a affirmé le réalisateur Walid Tayaa, après la diffusion de son court métrage “Boulitik” qui traite du thème de l’homosexualité.
 
“Je suis solidaire de toute action qui vise à faire triompher les droits humains au détriment d’une lecture figée de l’islam, de l’obscurantisme, de la culture du rejet et de la haine contre des êtres humains qu’on exclut à cause de leur sexualité”, a déclaré de son côté Raja Ben Slama.
 
Les différents intervenants ont condamné l’exclusion pratiquée par la famille, le quartier ou la société à l’encontre des personnes homosexuelles en Tunisie et mis en garde contre le harcèlement, la violence verbale et physique dont les conséquences peuvent être tragiques (prostitution, suicides…).
 
“L’ambiance est joyeuse mais la réalité est amère et on ne doit pas perdre de vue cette réalité là”, a déploré Ayoub Moumene, un couturier tunisien qui avait fait porter le drapeau LGBT par un mannequin lors d’un défilé à Tunis.
 
“Nous sommes des gens qui aimons l’art, qui aimons la fête, qui aimons la vie. Nourris de cette énergie positive, on continue la bataille des libertés”, a conclu Sofien Trabelsi.
 
Avec Shams, d’autres initiatives tunisiennes comme "Kelmty" s’activent en Tunisie pour défendre les droits des personnes LGBT et la fin des discriminations basées sur l’orientation sexuelle.
 
Une vingtaine de pays dans le monde a d’ores et déjà légalisé le mariage entre personnes de même sexe. A l’opposé, les homosexuels risquent la peine de mort dans une dizaine de pays, particulièrement en Afrique et au Moyen-Orient.