Le texte qui propose, sous prétexte d’égalité fiscale, de bétonner la définition hétérosexuelle du mariage en Suisse a été désavoué par le Parlement, qui lui a préféré un contre-projet.
«Oui, je suis gay! Et si vous vous prononcez pour cette initiative, c’est que vous donnez davantage de valeur à une relation entre un homme et une femme qu’à ma relation avec mon partenaire.» A l’instar du PLR bâlois Daniel Stolz, les interventions ont été vives, hier, au Conseil national. La Chambre du peuple a débattu toute la journée du texte du Parti démocrate chrétien (PDC) qui propose de lutter contre «la pénalisation fiscale des couples mariés». Avec la bénédiction du Conseil fédéral, il propose de supprimer l’anomalie qui fait payer à 80’000 ménages davantage d’impôts fédéraux que les couples non mariés.
A priori, il n’y a pas de quoi sauter au plafond. Sauf que le PDC a inclus dans son initiative une définition exclusive du mariage comme une «communauté économique» et comme l’union d’une femme et d’un homme. Ce dernier point a mis les organisations LGBT suisse en état d’alerte. Elles ont été entendues par la gauche et la droite libérale. «Le mariage est une institution qui doit pouvoir évoluer», a rappelé la coprésidente des Verts, la Vaudoise Adèle Thorens. Sa collègue bernoise Regula Rytz a ironisé sur la vision années 50 de la famille selon le PDC: «Hollywood version Doris Day: papa, maman et deux enfants».
Comment noyer le poisson
Le président des démocrates chrétiens, le Valaisan Christophe Darbellay, a tenté de noyer le poisson en affirmant que les couples gay et lesbiens titulaires d’un partenariat enregistré seraient également bénéficiaires de la réforme proposée par son parti. Dans un communiqué, le PDC s’est d’ailleurs mis à parler de la «pénalisation du mariage et du partenariat enregistré». Un changement de stratégie qui n’est pas passé inaperçu.
Au terme des débats, le bloc conservateur (UDC, PDC et PBD, ce dernier ayant apparemment renoncé à son credo gay-friendly) a été mis en minorité. Le Conseil national a adopté un contre-projet au texte du PDC, qui propose de corriger la fiscalité de tous les couples sans recours à une définition étroite du mariage. C’est désormais le Conseil des Etats qui devra s’exprimer sur l’initiative et le contre-projet, avant que ces textes soient soumis au peuple.
- SOURCE 360CH