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Pour les jeunes lesbiennes, gays, bi, trans & curieux.
 
Ce site s’adresse aux jeunes qui se posent des questions.
 
Il a été réalisé par l’association française SOS Homophobie
 
 

Comment parvenir à juguler ces tragédies ?

 
La prévention éducative est toujours un outil plus efficace que la répression, les lois pénalisant les propos racistes n’ont jamais eu autant d’impact que la confrontation à la pluralité des différences et des cultures. Les études suscitées, font clairement apparaître que les jeunes homo-bisexuel(le)s ont jusqu’à treize fois plus de chance de commettre une tentative de suicide que les jeunes hétérosexuel(le)s de même âge et de même niveau social. Malgré les décrets parus au Bulletin Officiel de l’Education Nationale du 29 novembre 2001 et du 17 février 2003, préconisant d’intégrer au programme de lutte contre les discriminations la lutte contre le sexisme ou l’homophobie, rien ou presque, n’est effectué dans ce sens au sein des établissements scolaires.
 
Il devient donc nécessaire de former le personnel enseignant et éducatif aux notions de pluralité des sexualités ou des identités.
La dédramatisation, l’accès à une vision valorisante de personnalités lesbiennes, gaies, bi ou trans (notamment en histoire, en Lettres et en éducation artistique), la « normalisation » de leur façon d’être en quelque sorte, permettrait pour beaucoup aux adolescents LGBT d’avoir une meilleure vision d’eux-mêmes en ayant une juste vision des autres.
 
Dès le primaire, l’éducation sexuelle se limite généralement aux simples concepts de reproduction, de contraception et de prévention, en « oubliant » qu’il existe plusieurs formes de sexualité. Cette façon d’enseigner, outre le mérite de ne pas réduire la sexualité à de simples comportements mécaniques, auraient pour effet, pour tous les adolescents, de percevoir l’orientation sexuelle et l’identité de genre comme une dimension plus large, et plus variée, de la personne humaine.
 
Il est tout aussi nécessaire de combattre ardemment toute manifestation de haine envers les personnes LGBT, comme toutes les autres discriminations. Apprendre à vivre avec les autres, c’est déjà apprendre à vivre en société. Combattre la misogynie, le sexisme et l’homophobie à son sens le plus large est la clé d’une société plus juste. Et du mieux-être, pour toutes et tous.

La réalité française

Marc Shelly, médecin en santé publique, et David Moreau, ingénieur de recherche, après une étude menée entre 1998 et 2003, ont mis en évidence parmi les homos et bisexuels français un taux de suicidabilité 13 fois supérieur aux hétérosexuels du même âge et de même condition sociale. Cette étude démontre aussi qu’un homme sur trois faisant une tentative suicide est homo ou bisexuel.

 
 
Concernant la population féminine, lesbienne ou bisexuelle, la prévalence, même si elle est moindre que chez les hommes gays ou bisexuels, fait état également état d’un taux de suicidabilité environ 6 fois supérieur aux adolescentes hétérosexuelles.
 
En France, la réalité est donc la suivante : un adolescent dont l’orientation sexuelle diffère de la « norme » sociétale hétérosexuelle aura plus de chance de faire une tentative de suicide au cours de sa vie qu’un adolescent hétérosexuel. Cette prévalence du taux de suicidabilité n’est liée en rien à la situation sociale, financière ou géographique de l’adolescent puisque que les statistiques sont presque équivalentes partout, les problèmes rencontrés par ces adolescentes ou adolescents sont donc fortement liés à l’acceptation de leur orientation sexuelle, par eux-mêmes, leur entourage ou par l’image renvoyée plus généralement par la société.
 
 
 

La sur-suicidalité chez les adolescents (es) lesbiennes, gays, bisexuels, transexuels

Le suicide est la première cause de mortalité chez les 25-39 ans et la deuxième chez les adolescents après les accidents de la route. Chaque année, en France, 160.000 personnes font une tentative de suicide, dont environ 12.000 y parviennent.
 
Depuis quelques années, le nombre de suicides tend à augmenter. Pour un certain nombre de ces adolescents, la décision de mettre fin à leurs jours est liée à des problèmes résultant de l’acceptation de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre.
 
Selon plusieurs études nord-américaines sur les tentatives de suicide, les adolescentes et adolescents homosexuels, bisexuels ou identifiés comme tels présentent des risques de 6 à 16 fois plus grands que leurs homologues hétérosexuels. En 2003, le Dr Marc Shelly fit le même constat sur le sol français.
 
De nombreuses études concernant le taux de suicide montrent que la découverte de son homosexualité constitue un facteur de risque très important en ce qui concerne le suicide chez les adolescent-e-s.
 
 
Chantal ZAOUCHE-GAUDRON, Professeure de Psychologie, Université de Toulouse le Mirail
Sylvie BOURDET-LOUBERE, Maître de Conférences en Psychologie, Université de Toulouse le Mirail
 
Ces faits sont d’ailleurs reconnus et mentionnés dans le rapport relatif aux auditions sur les discriminations en milieu scolaire remis au ministre de l’Éducation nationale, Porte-parole du Gouvernement, le 22 septembre 2010.
 
Dernière étude intéressante également, réalisée en Aquitaine en 2011 sur l’homophobie dans le sport.
 

 

 

Les raisons de la sur-suicidalité

Toutes les études font le même constat : ce n’est pas le fait d’être homo ou bi qui amène l’adolescent à se suicider, mais bien les attitudes de haine, d’agressivité et / ou d’exclusion des homophobes. En effet, toutes ces agressions à répétition amènent l’adolescent à se remettre en question et à douter de sa réelle place sur Terre.
 
Il existe également un point de divergence majeur, la « sur-suicidalité » n’est en rien liée chez les gays, bi ou lesbiennes à des facteurs géographiques, à la catégorie sociale, au fait de vivre ou non en famille, ni à des maladies psychiatriques, à l’inverse de la population générale. L’envie suicidaire n’est pas liée à l’orientation sexuelle stricto sensu, mais à l’homophobie ambiante, vue comme subie et sans échappatoire.
 
Les diverses études françaises ou étrangères, notamment à travers  l’excellent rapport de recherche de Michel DORAIS, et son livre "MORT OU FIF" La face cachée du suicide chez les garçons, Montréal, VLB éditeur, 2001,   co-écrit avec Simon Louis Lajeunesse, laissent apparaître chez les adolescents suicidants plusieurs types de profil et de comportement :
 
  • Les précoces : Ceux que l’entourage a très tôt identifiés, à tort ou à raison, comme homosexuels ou bisexuels, parfois dès l’école primaire, en s’appuyant sur des stéréotypes physiques (ceux qui n’aiment pas le sport, celles qui ont des cheveux courts…) ou psychologiques (attitudes que l’on associe traditionnellement à l’autre sexe, problème des comportements traditionnellement vus comme masculins ou féminins). Ces adolescents, identifiés à leur corps défendant comme différents, se retrouvent dans un rôle de bouc émissaire d’autant plus lourd à porter que peu d’adultes prennent leur défense.
  • Les tardifs : Ceux que le milieu a identifiés en conformité à leur sexe. Ceux-là surprendront en faisant une tentative de suicide, perçue comme inattendue ou inexplicable. Mais tous, précoces ou tardifs, ont ressenti à un moment de leur vie, parfois dès l’enfance, une différence entre eux et les autres.
  
Pour résister à la pression ambiante, ils ont développé plusieurs types de comportement :
 
  • « L’enfant parfait » : Il veut répondre aux attentes sociales qu’il voit comme une injonction. Il veut être aimé et ne pas décevoir en disant son homosexualité, que ce soit ses parents, ses amis ou ses proches. C’est un tardif habituellement insoupçonnable, il passera pour asexué ou hyper sportif pour manifester sa virilité, elle passera généralement pour discrète ou intellectuelle pour se conformer aux normes traditionnellement féminines. 
  • « Le pédé / la gouine de service » : C’est un précoce. Il ou elle est perçu, à tort ou à raison, comme homo ou bi en se conformant aux stéréotypes en vigueur. À l’école, à la maison, dans les lieux publics, il est cible de moqueries, de harcèlement, voire de violences physiques et psychologiques. Il devient fataliste devant l’inaction des adultes à l’entourer, à l’aider, à sanctionner le comportement de ses détracteurs. – « Le caméléon » : Il ou elle se perçoit tantôt comme simulateur, tantôt comme imposteur. Le caméléon cherche à rester discret, il joue à se montrer hétérosexuel, mais, à un moment donné, cela lui devient insupportable. Vivant une double vie, il se sent inauthentique. Le suicide est alors perçu comme la fin du mensonge.
  
Ce qui conduit au suicide : deux lieux douloureux qui ne devraient pas l’être :
 
  •  La famille ou « le devenir étranger chez soi. »
La solitude, la forte peur du rejet renforcent la vulnérabilité chez les adolescents homos ou bis. Le foyer familial, souvent perçu comme refuge, devient pour eux un lieu de malaise. Ce malaise sera ou non allégé selon l’éducation reçue et l’attitude des parents face à une orientation sexuelle différente : haine, rejet, refus total, insultes, moqueries, ou, à l’inverse, esprit d’ouverture, amis « homos » de la famille…. Il existe également une forte corrélation avec le rapport à la religion ou à certaines idéologies haineuses, les adolescents lesbiennes, bi gais ou transgenres, vivant dans une famille fortement marquée par ces idéologies totalement réfractaires à l’acceptation de la différence auront tendance à se montrer extrêmement violents envers l’acceptation de leur orientation sexuelle (Ne généralisons cependant pas : lorsqu’il s’agit de ses enfants, le rejet peut venir de familles réputés « ouvertes » et l’acceptation de parents censés être « réactionnaires » !).
 
  •  L’école ou « l’apprentissage du mépris »

À la fois pour celles et ceux qui sont identifiés comme homosexuels ou bisexuels, et sont soumis à la moquerie, aux insultes et à la violence, mais aussi pour celles et ceux qui cachent leur orientation sexuelle, craignant de subir le même sort.

Les éducateurs ne font parfois rien pour désamorcer cette situation, certains parce qu’ils sont eux-mêmes homophobes et d’autres de peur de passer pour homosexuels… Dans l’éducation nationale, même si de vrais éducateurs s’opposent avec courage aux discriminations, l’orientation sexuelle, et la sexualité plus généralement, sont encore à ce jour des sujets viscéralement tabous.

L’isolement, la mésestime de soi, l’accusation d’anormalité, voire la violence verbale ou physique, conduisent à l’épuisement moral, alors qu’ils n’ont personne vers qui se tourner, notamment ceux qui seraient censés chargés de promouvoir les valeurs d’une société (parents, enseignants, éducateurs…) religieux.

Heureusement, beaucoup d’adolescents lesbiennes, bis, gais ou transgenres, qui traversent les mêmes difficultés, ont résisté à l’envie suicidaire, généralement, parce que : – la traversée préalable de problèmes difficiles (deuil, divorce des parents, etc.) les ont rendus plus forts .