Pendant au moins un an, ces données étaient rassemblées dans un tableau dédié à répartir certains utilisateurs selon leurs centres d’intérêt.
Le réseau social TikTok a catégorisé, pendant au moins un an entre 2020 et fin 2021, les utilisateurs qui visionnent des contenus sur des thèmes liés à la communauté LGBT. Selon d’anciens employés qui se sont entretenus avec le Wall Street Journal, bien que la plateforme ne requière pas des utilisateurs qu’ils révèlent leur orientation sexuelle, elle reste en mesure de les “cataloguer” selon plusieurs étiquettes en fonction des contenus qu’ils visionnent. L’une de ces “étiquettes” relève de la communauté LGBT.
Le Wall Street Journal fait référence à un “dashboard”, un tableau utilisé par les employés pour visionner spécifiquement quel type de contenu est associé à tel ou tel utilisateur. Comme pour la plupart des réseaux sociaux, récolter des données sur les centres d’intérêt de ses utilisateurs permet à la fois de proposer des publicités ciblées et du contenu recommandé plus pertinent.
L’entreprise s’est défendue de cette pratique. Une porte-parole a indiqué que le “dashboard” n’existait plus aux Etats-Unis depuis près d’un an, et que “les données représentant les centres d’intérêt des utilisateurs ne sont pas forcément représentatifs de leur identité. Si je regarde un pâtissier qui se revendique gay, je peux très bien juste aimer la patisserie et ne pas être gay”, a-t-elle affirmé.
“Protéger la vie privée et la sécurité de nos utilisateurs est l’une de nos priorités”, a indiqué TikTok dans un communiqué relayé par le Journal.
Données non protégées
Cependant, les listes relevant de l’orientation sexuelle sont considérées comme particulièrement sensibles, notamment lorsqu’elles relèvent d’une communauté régulièrement sujette au harcèlement et à la discrimination. Début janvier 2023, la version chinoise de l’application, Douyin, a d’ailleurs complètement banni les contenus LGBT.
D’anciens employés de TikTok ont par ailleurs exprimé la crainte que ces listes soient partagées avec des personnes ou entreprises tierces. En outre, certains ayant auparavant travaillé dans d’autres entreprises du numérique ont précisé au Wall Street Journal que l’accès au “dashboard” était particulièrement permissif. Les employés localisés en Chine avait d’ailleurs la possibilité de décider qui pouvaient les visualiser.
En Union européenne, la réglementation sur la protection des données impose de ne pas utiliser ces données sensibles sauf en cas de consentement éclairé de l’utilisateur (ou exceptions particulières).
Depuis 2022, selon la porte-parole de TikTok, les données qui concernent les Américains sont uniquement stockées dans les serveurs locaux. C’est notamment l’une des conditions liées à la mise en place du TikToK USDS (la cellule de TikTok chargée de négocier pour éviter le bannissement de l’application sur le territoire). Son responsable vient d’ailleurs d’annoncer son départ prochain. Révélation après révélation, la négociation d’une accalmie entre le gouvernement américain et le réseau social chinois semble s’éloigner.
SOURCE : bfmtv.com