Dans le sillage de l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, plusieurs entreprises, dont le premier employeur privé du pays, Walmart, ont annoncé mettre fin à leurs politiques de diversité et d’inclusion (DEI) ou couper leurs subventions versées aux Prides LGBT.
Aux États-Unis, sous les coups de boutoir de militants pro-Trump qui les accusent de wokisme, plusieurs sociétés ont annoncé mettre fin à leur politique de ressources humaines visant une meilleure inclusion des personnes LGBTQI+. Ainsi, ce lundi 26 novembre, la chaîne de supermarchés Walmart, premier employeur au monde avec ses 2,1 millions de salariés, a confirmé d’importants reculs.
Walmart a ainsi promis de ne plus utiliser la dénomination “diversité, équité et inclusion” (DEI) et certains termes épicènes, et de ne plus s’inscrire dans l’index de Human Rights Campaign, qui classe les entreprises en fonction de leur soutien aux personnes LGBTQI+. Par ailleurs, Walmart ne subventionnera plus de marche des Fiertés. L’entreprise a aussi mis fin à sa participation au Centre pour l’équité raciale, créé en 2020, à la suite de la mort de George Floyd, un noir américain tué par la police. Outre ces décisions économiques et managériales, le groupe est allé plus loin, interdisant aux magasins franchisés de vendre certains articles liés aux personnes LGBTQI+, comme des binders, ces brassières permettant d’aplatir sa poitrine lorsqu’on est un homme transgenre.
Campagne “anti-woke” pro-Trump
Ce virage s’inscrit dans le sillage de la campagne de Donald Trump et plus largement de l’offensive “anti-woke” des conservateurs américains, renforcée par une décision de la Cour suprême en 2023 interdisant la discrimination positive à l’inscription à l’université, mise en place dans les années 1960 dans le sillage des luttes pour les droits civiques. Plusieurs organisations conservatrices ont utilisé cette décision pour porter plainte contre des entreprises et des institutions publiques qui mettent en œuvre de telles politiques en matière de ressources humaines.
La décision de Walmart intervient en particulier après une campagne très active de l’influenceur Robby Starbuck, 36 ans, fidèle partisan du président élu, Donald Trump, et de son futur ministre Elon Musk, qui appelle au boycott des entreprises engagées dans des politiques d’inclusion jugées “woke”. Plus tôt cette année, il avait déjà produit un pseudo documentaire affirmant que les personnes LGBTQI+ corrompraient les enfants pour les faire changer de genre. Il assure avoir eu des “conversations productives” avec des dirigeants de Walmart et s’est félicité, dans une vidéo vue 3 millions de fois sur X (Twitter), des changements promis “avant Noël, une période où les clients disposent de peu de choix pour dépenser leur argent dans des magasins qui ne poussent pas des politiques woke”.
Toyota, Ford, Black & Decker, Jack Daniels…
Avant Walmart, de nombreuses marques ont cédé à la pression conservatrice. Début octobre, le constructeur automobile Toyota annonçait dans un communiqué interne se retirer de l’index de Human Rights Campaign et de certains événements LGBTQI+ qui suscitent “un débat très clivé” – c’est-à-dire les marches des Fiertés. L’entreprise a assuré auprès de Bloomberg que la campagne de Robby Starbuck visant le constructeur avait eu un impact “négligeable” et n’avoir reçu des plaintes que d’une trentaine de clients. Fin août, le constructeur automobile Ford se retirait lui aussi de l’index, après en avoir occupé la première place du classement en 2017. “Nous avons à l’esprit que nos employés et nos clients couvrent un large champ de croyances”, a déclaré son directeur général, Jim Farley, dans un mail aux employés et cité par CNN.
Déjà en juin, en plein mois des Fiertés et avant l’élection de Donald Trump, Tractor Supply – l’équivalent américain de Truffaut – avertissait par communiqué retirer tout soutien à la communauté LGBTQI+ : “Nous allons mettre davantage l’accent sur les priorités de l’Amérique rurale, notamment l’éducation agricole, le bien-être animal, les causes des anciens combattants et le fait d’être un bon voisin, et cesser de parrainer des activités non commerciales comme les Prides et les campagnes électorales.” Tractor Supply s’engageait également à mettre fin à sa politique en matière de diversité et d’inclusion et à se retirer de l’index de Human Rights Campaign. Enfin, conformément au dogme trumpiste, l’entreprise a renoncé à ses objectifs en matière environnementale.
Alors que Donald Trump doit être investi le 20 janvier, le secteur économique se met au diapason du prochain président des États-Unis : le constructeur de motos Harley Davidson, le groupe industriel Caterpillar, les entreprises de bricolage Black & Decker et Lowe, le distillateur Jack Daniels, le fabricant de tracteurs John Deere, la brasserie Molson Coors… ont annoncé la fin de leurs politiques de diversité. “Un par un, nous ramènerons la raison dans le monde des affaires américain”, se félicite Robby Starbuck.
Source : tetu.com