Le public des Journées cinématographiques de Carthage (JCC), a réservé vendredi à Tunis un accueil enthousiaste à un documentaire tunisien explicite et déjanté sur la situation de la communauté LGBT dans le pays, où l’homosexualité est un crime.
"C’était génial, si ce film peut passer, alors bien sûr on peut en diffuser de nombreux autres", s’est enthousiasmé un des spectateurs, Sikander, à la sortie de "Au-delà de l’ombre".
La salle de 500 places n’a pas suffi à accueillir la foule venue voir ce portrait intimiste et parfois quasiment voyeur d’un groupe d’amis travestis et homosexuels, parlant à coeur ouvert de leur vie amoureuse, du rejet de leur famille, ou de la peur de la police.
L’article 230 du code pénal tunisien punit de trois ans de prison la sodomie.
Nombre de séquences ont été applaudies par l’audience, conquise, même si une dizaine de personnes ont quitté la salle, gênées par des scènes de travestis nus ou d’hommes s’embrassant.
"Le message de tolérance est bien, mais montrer des hommes nus ce n’est pas acceptable", a estimé Nada, 25 ans, qui a préféré ne pas donner son nom de famille.
Lors du tournage à Sidi Bousaïd, près de Tunis, en 2016 de ce documentaire, il n’était pas prévu qu’il soit programmé en Tunisie. Mais après avoir été présenté en Europe, il a été sélectionné par les JCC, qui l’ont diffusé tel que.
"Le fondement des JCC, c’est l’expression des libertés: diffuser des films interdits ailleurs ou sur des sujets compliqués", a souligné Nawres Roussi, responsable du département film du festival.
"Ca ne me dérange pas de témoigner à visage découvert", même si "je risque de recevoir des insultes", a assuré Sandra, une jeune transgenre et un des seuls personnages du documentaire à résider toujours en Tunisie.
La réalisatrice, Nada Mezni Hafaiedh, s’est dite "surprise qu’il y ait eu aussi peu de protestations", après la séance. "Jamais je n’aurais imaginé que mon film serait en sélection et que les Tunisiens pourraient le voir, parce que je sais que malheureusement en Tunisie être homosexuel c’est une abomination, c’est être criminalisé."
Pour Bouhedid Belhadi, directeur de l’association Shams de défense des droits des LGBT, avec ce documentaire, la communauté LGBT "est sortie pour montrer sa fierté publiquement". "Je suis fier de voir (…) l’énorme nombre de personnes qui ont voulu regarder le film".
- SOURCE E LLICO
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