COMMUNIQUE DE PRESSE SHAMS TUNISIE
Tunis, le 23 février 2019
L’association Shams, première association en Tunisie ouvertement dédiée à la défense des droits des personnes LGBT (Lesbienne Gay Bisexuel Transgenre), née en 2015, consacre ses efforts au soutien et à l’accompagnement d’une population victime de nombreux abus parmi lesquels les agressions physiques et verbales au quotidien, la discrimination à l’emploi et au logement et jusqu’à l’emprisonnement pour des centaines d’hommes accusés d’homosexualité. Depuis sa création, Shams se bat pour la dépénalisation de l’homosexualité en Tunisie. Elle a mis en place un centre d’écoute pour les victimes d’abus et de harcèlements et accompagne juridiquement des dizaines de personnes face à la justice tunisienne. Elle contribue également à fournir un logement d’appoint à de nombreux jeunes homosexuels qui, rejetés par leurs familles, se retrouvent dans la rue. Dans certains cas, Shams a aidé à financer des chirurgies réparatrices de jeunes hommes battus et défigurés par leur famille ou leur voisinage à cause de leur orientation sexuelle.
Aujourd’hui l’association Shams, dernier rempart contre les abus d’une société et d’un état homophobe, voit son existence menacée par une comparution prévue le 1er mars 2019.
Shams a obtenu son accréditation le 18 mai 2015. Quelques mois après, l’Etat Tunisien attaquait déjà Shams en tentant de faire annuler cette accréditation. Le 23 février 2016, un jugement a été prononcé en faveur de l’association, lui permettant d’exercer en toute légalité.
Trois ans après exactement, le gouvernement vient de faire appel de la décision du tribunal de Tunis. Une nouvelle décision défavorable menacerait l’association Shams et pourrait conduire à sa dissolution définitive.
Le seul fondement de cet appel est l’article 230 du code pénal, celui là même qui condamne l’homosexualité, et que l’association vise à faire abolir. A juste titre, cet article a été dénoncé par de nombreux intellectuels et membres de la société civile Tunisienne. Il est considéré comme inconstitutionnel puisque la constitution est sensée garantir l’égalité des droits sans discrimination pour tous, protéger les droits à la vie privée, à la dignité et l’intégrité physique (articles 21, 23 et 24 de la Constitution tunisienne de 2014). Formée à l’initiative du Président de la République Tunisienne, la Commission des libertés individuelles et de l’égalité (Colibe), dans son rapport diffusé en juin 2018, a elle même clairement condamné la pénalisation de l’homosexualité. Par ailleurs, l’article 230 viole de nombreux accords et pactes internationaux ratifiés par la Tunisie, parmi lesquels le pacte international relatif aux droits économiques sociaux culturels (ratifié par la Tunisie en 1969), la convention contre la torture et les peines cruelles et dégradantes (ratifiée en 1988) et la convention africaine des droits de l’homme (ratifiée par la Tunisie en 1983).
- SOURCE CP Président Mounir Baatour