Les autorités turques ont ouvert lundi une enquête contre des avocats qui avaient critiqué le plus haut responsable musulman du pays pour avoir tenu des propos jugés homophobes, à l’origine d’une polémique qui ne cesse d’enfler.
L’affaire a débuté vendredi avec un sermon prononcé par le chef de l’autorité des affaires religieuses (Diyanet), Ali Erbas, à l’occasion du début du mois sacré du jeûne du ramadan.
"L’islam considère la fornication comme l’un des plus grands péchés et condamne l’homosexualité", car "elles apportent avec elles les maladies", a déclaré Ali Erbas dans cette adresse aux fidèles, mentionnant notamment le virus du sida. Ces déclarations ont très vite tourné en boucle sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes dénonçant les propos "haineux" d’Ali Erbas ou lui reprochant de "diviser au lieu de rassembler" en ces temps de pandémie de coronavirus.
Le mot-dièse "Dégage en Arabie saoudite" était l’un des plus partagés lundi sur Twitter en Turquie.
De l’autre côté, la présidence turque et les médias progouvernementaux ont lancé une campagne de soutien à Ali Erbas, estimant qu’il n’avait fait qu’énoncer des principes du Coran ou dénonçant des "attaques contre l’islam". Des milliers d’internautes lui exprimaient leur soutien en utilisant le mot-dièse "Ali Erbas n’est pas seul".
Dans ce contexte, le barreau d’Ankara, l’une des plus puissantes associations d’avocats du pays, a fait part dans un communiqué publié dimanche de sa "sidération" et dénoncé les "déclarations d’un autre âge" d’Ali Erbas. Il n’en fallait pas plus pour conduire le procureur général d’Ankara à ouvrir lundi contre ces avocats une enquête pour "dénigrement des valeurs religieuses".
Une ONG, la Fondation des droits de l’Homme (IHD), a de son côté indiqué lundi qu’elle allait porter plainte contre Ali Erbas.
Pays très majoritairement musulman où la foi se vit de mille façons, la Turquie est régulièrement déchirée par des polémiques de ce genre. L’expression du conservatisme religieux s’est libérée depuis l’arrivée au pouvoir du président Recep Tayyip Erdogan, accusé par ses détracteurs de détricoter les valeurs laïques héritées du fondateur de la République, Mustafa Kemal. Si la Turquie est l’un des rares pays à majorité musulmane où l’homosexualité n’est pas illégale, les gays et trangenres y sont fortement discriminés.
- SOURCE E LLICO