La «Manif pour tous» s’oppose à la diffusion d’un court-métrage sur l’homosexualité auprès de lycéens en France. Le réalisateur réagit.
La «Manif pour tous», le collectif d’associations françaises opposées au mariage homosexuel et à l’homoparentalité, veut empêcher la diffusion d’un court-métrage sur l’homosexualité auprès de lycéens.
«Ce n’est pas un film de cow-boys », du réalisateur Benjamin Parent, relate les discussions d’adolescents dans les toilettes de leur collège après la diffusion du film «Le Secret de Brokeback Mountain» à la télévision.
Ce court-métrage, qui a reçu de nombreux prix, doit être prochainement diffusé à Nantes devant des lycéens.
«Un risque de confusion»
La présidente de la «Manif pour tous Loire-Atlantique» a réagi en adressant un courrier aux responsables de l’enseignement catholique pour empêcher cette diffusion. «Ce film ne traite pas d’égalité garçons-filles, nous pensons qu’il n’a pas sa place dans un parcours pédagogique », est-il écrit.
Sur le sujet, France de Lantivy a récemment déclaré au micro de France Bleu Loire Océan: «Nous nous battons pour que les sexes homme-femme et fille-garçon soient respectés en tant que complémentarité, et pas indifférenciés. Un film qui présente l’homosexualité à des enfants, c’est un risque de confusion.»
Pour la «Manif pour tous », les sujets tels que l’orientation sexuelle ou l’identité de genre ne doivent pas être abordés dans les écoles.
«La seule chose de «choquante », c’est le langage des ados»
Benjamin Parent, le réalisateur du court-métrage, a réagi à ce courrier. Selon lui, il est clair que les personnes voulant faire interdire le film utilisent des arguments orientés: «Ils ne parlent pas du contenu et le présentent comme ayant gagné un prix dans un festival LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres), ce qui est vrai mais très réducteur. Ils essayent aussi de faire passer les lycéens pour des enfants alors qu’à leur âge, on n’est plus un enfant, c’est de la manipulation. »
Ce qui pose problème dans le film? «Rien, puisqu’ils ne l’ont pas vu, insiste Benjamin Parent. Selon eux, puisqu’on évoque l’homosexualité, c’est de la propagande. Ils auraient pu le voir tout de même, il ne dure que 11 minutes. »
Pour couper court aux critiques et permettre aux gens de se faire leur propre idée, le réalisateur et le producteur de «Ce n’est pas un film de cow-boys » ont décidé de le rendre accessible sur internet.
«C’est un film qui a été vu et plébiscité. Il tourne en festival depuis plus de deux ans et est très apprécié», souligne Benjamin Parent.
«J’invite ces gens à voir le film, insiste le Benjamin Parent. Il n’y a rien de choquant dedans. À part le langage des adolescents qui est cru. Mais eux ne sont pas choqués car c’est comme ça qu’ils parlent. C’est une histoire de tolérance, d’amitié, d’amour et de fraternité. C’est une comédie sensible. On le met sur internet car on n’a rien à se reprocher. On a envie de le partager. »
«Je suis tout sauf embêté. Je suis fier!»
Benjamin Parent en a eu la confirmation, la diffusion de son court-métrage sera bien maintenue: «Tout sera fait pour éviter les débordements. J’assisterai à la projection et parlerai aux gens s’il le faut. Ce film n’est pas tapageur. On parle d’adolescents qui discutent d’un film et de la manière dont cela les a marqués », rappelle-t-il.
Par rapport à cette polémique, il se sent tout à fait détendu: «Je suis tout sauf embêté. Je suis fier que le film soit ciblé par la Manif pour tous. Leurs valeurs ne sont pas les miennes. Il est bon de déplaire à certaines personnes. C’est ici le cas. »
Et Benjamin Parent de conclure: «Mon court-métrage, c’est aussi du cinéma. C’est avant tout un film devant lequel on rit et on est ému. C’est un divertissement. S’il peut faire réfléchir, tant mieux! »
«Ce n’est pas un film de cow-boys » a reçu une trentaine de prix comme celui des collégiens au Festival Ciné Essonne ou le Grand prix du court-métrage au Festival international du film de Melbourne. Il a également été nominé aux Césars.
- Source lavenir.net