Une étude parue dans la revue scientifique The Lancet estime que 31% des hommes sont porteurs d’un papillomavirus (HPV), et 21% d’un variant à haut risque cancérogène (ou oncogène).
Les messages de santé publique de prévention des papillomavirus (HPV) n’ont longtemps visé que les jeunes femmes, à risque de développer un cancer du col de l’utérus. De plus en plus, les chercheurs documentent la dangerosité pour les hommes de ces virus, souvent bénins mais pouvant occasionner comme chez les femmes des lésions cancéreuses. Une nouvelle étude parue dans The Lancet Global Health, revue médicale de référence dans le monde, estime que près d’un tiers (31%) des hommes de plus de 15 ans sont porteurs de l’un des multiples virus de cette famille très contagieuse, et qu’un homme sur cinq (21%) est porteur d’un HPV à haut risque cancérogène (ou oncogène). La prévalence est similaire dans les différentes régions du monde, sauf en Asie de l’Est et du Sud-Est où elle est deux fois moindre.
Chaque année en France, quelque 6 000 cancers sont attribués à un papillomavirus (tous genres confondus), dont 1 500 de l’anus et une centaine du pénis. “Les hommes sexuellement actifs, quel que soit leur âge, constituent un réservoir important d’infections génitales par le HPV”, conclut cette étude, synthétisant les données de publications antérieures. De fait, les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH) multipartenaires y sont particulièrement exposés.
Papillomavirus et condylome
La plupart du temps, l’organisme élimine de lui-même les infections au HPV au début de la vie sexuelle, mais il arrive qu’elles persistent et deviennent chroniques. Chez les hommes, l’infection se manifeste par des verrues anales ou génitales, autrement appelés condylomes. Les HPV oncogènes, ceux qui favorisent l’apparition de cellules cancéreuses, peuvent aussi toucher d’autres muqueuses et provoquer par exemple des cancers oro-pharyngés.
Ce type de virus se transmettant au simple contact peau à peau lors des relations sexuelles, le port du préservatif ne permet pas de s’en protéger efficacement, et encore moins la prise de PrEP. C’est pourquoi la vaccination (deux doses) est recommandée avant le début de la vie sexuelle, chez les filles et les garçons de 11 à 14 ans et jusqu’à 26 ans pour les jeunes hommes qui ont des relations sexuelles avec d’autres hommes. Le vaccin est remboursé à 65% par la Sécurité sociale et la plupart des organismes complémentaires prennent le reste en charge.
Objectif vaccination HPV
Le taux de vaccination en France est actuellement faible, de l’ordre de 37% chez les filles contre 9% chez les garçons, alors que l’objectif est de vacciner 80% de la population cible d’ici à 2030. C’est pourquoi Emmanuel Macron a annoncé en février une campagne annuelle de vaccination dans les collèges auprès des élèves volontaires en classe de 5ème. À partir de la rentrée de septembre 2023, “la prescription et la vaccination contre le HPV pourront être réalisées par les pharmaciens, sages-femmes et infirmiers”, promettait le chef de l’État. Dans le cadre de cette campagne, le vaccin sera entièrement remboursé par l’Assurance maladie.
Cet été, les Agences régionales de santé (ARS) ont fait savoir que le recueil du consentement des parents aura lieu à partir de la rentrée, avant deux injections prévues à l’automne et au printemps. Citée par Le Monde, la Ligue contre le cancer propose d’aller plus loin que l’objectif présidentiel, vers “une vaccination systématiquement proposée, prise en chargé à 100% et un prix du vaccin renégocié notamment pour lutter contre les inégalités”.
- SOURCE TETU