Le 21 avril dernier, Jean Le Bitoux a été emporté par un cancer à l’âge de 62 ans.
Militant infatigable, séropositif, il s’est toujours dignement battu contre le sida en s’engageant à Aides et en devenant responsable du Journal du sida.
Bordelais de naissance, c’est à Nice que son engagement prend corps en rejoignant le Fhar (Front homosexuel d’action révolutionnaire). A Paris, au milieu des années 70, il est de l’aventure du GLH (Groupe de libération homosexuelle). En 1978, il se présente aux élections législatives, puis il crée avec d’autres militants le journal Gai Pied en 1979, époque où l’homosexualité était encore pénalisée. Gai Pied marquera toute une génération d’homos.
Exigeant tant avec lui qu’avec les autres, il a participé à cet élan de la conquête des droits pour les personnes homosexuelles, bi et trans. D’une personnalité au caractère trempé, au point de s’attirer parfois de solides inimitiés, il a mis toute sa fougue et son talent d’intellectuel au service des causes qu’il voulait défendre.
Il aura lutté avec acharnement pour réparer les oublis de l’histoire en créant le Mémorial de la déportation homosexuelle (MDH) et en publiant plusieurs ouvrages pour la reconnaissance de la déportation homosexuelle commise par les nazis pendant le Seconde Guerre mondiale. Engagé dans ce combat, il fit la connaissance de Pierre Seel, seul déporté homosexuel français ayant témoigné de son vivant. Il participa à l’écriture de son livre témoignage "Moi Pierre Seel, déporté homosexuel".
Sa disparition, cinq jours avant la Journée nationale du souvenir de la déportation, dimanche 25 avril, nous touche car ceux qui le connaissaient savaient l’importance que revêtait pour lui cette journée à laquelle il tenait tant à être présent. A Angers, où Quazar participera à cette cérémonie du souvenir en hommage à tous les déportés, dont ceux pour homosexualité, Jean Le Bitoux sera symboliquement avec nous.
Jean Le Bitoux nous a montré la voie, comme d’autres avant lui. Modestement, mais résolument, nous la suivons pour devenir des citoyens égaux et non de seconde zone, comme le titre d’un de ses livres cosignés.
Stéphane Corbin,
Président de Quazar