« Marie-Claude Bompard nous a dit qu’elle respectait les couples homosexuels mais que par rapport à ses convictions religieuses, il lui était impossible de nous unir». Amandine Gilles, 33 ans, raconte ce samedi dans le Dauphiné Libéré sa déception après le refus de la maire de Bollène (Vaucluse) de la marier avec sa conjointe.
Pis, lors d’une entrevue vendredi, l’édile, épouse de Jacques Bompart et membre de la Ligue du sud, a également refusé de déléguer ce pouvoir à un adjoint, expliquent les deux jeunes femmes.
Bompard «pas opposée aux personnes mais à une loi»
Contactée par le Dauphiné, Marie-Claude Bompard a indiqué qu’il était évident qu’elle n’était pas opposée « aux personnes mais à une loi » ajoutant que « dans cette affaire, les maires sont sous la contrainte et la menace de sanctions disproportionnées et illégitimes.» La maire demeurait injoignable samedi mais la mairie a bien voulu répondre à nos questions. Soulignant que Marie-Claude Bompard avait reçu à sa demande les deux jeunes femmes «parcequ’elles sont Bollénoises et parcequ’il fallait un échange direct, pour éviter de leur opposer un mur administratif», Jean Vallier, responsable de la communication du maire, évoque une «affaire de conscience». «Depuis le début, Mme le maire fait partie de ceux qui demandent au président de la république une clause de conscience» afin d’éviter que les maires réfractaires soient sous la menace de sanction.
Pourquoi refuse t-elle de déléguer son pouvoir à l’un de ses adjoints? «Parce que déléguer, c’est comme faire», explique Jean Vallier, qui révèle qu’un conseiller d’opposition socialiste s’est d’ores-et-déjà proposé pour faire ce mariage. «Le préfet a l’autorité pour lui déléguer ce pouvoir, explique Jean Vallier, mais ce n’est pas la maire qui le fera». Amandine et sa conjointe Angélique ont d’ailleurs décidé de saisir le préfet.
Marie-Claude Bompard n’est pas la première maire à refuser de marier des couples homosexuels, malgré l’adoption de la loi étendant le mariage aux couples de même sexe.En juin dernier, un couple d’homosexuels avait ainsi porté plainte contre le maire d’Arcangues (Pyrénées-atlantiques) et ses adjoints, qui refusaient de les marier. Un adjoint avait fini par les unir, après un rappel à la loi du préfet.
Que risque la maire de Bollène ?
La loi ne prévoit en réalité aucune sanction. Mais les élus de la ville pourraient tout de même être poursuivis et écoper d’une suspension ou d’une amende. En 2004, Noël Mamère avait marié deux hommes et avait été suspendu un mois de ses fonctions. Plus récemment, un maire de Polynésie a refusé un mariage parce que la promise était une transsexuelle : il a été condamné à 4000 euros d’amende.
- Source Le parisien